Le blog de un-riad-au-maroc.over-blog.com

Ce lundi 25 février marque la date de ma première grosse colère sur le chantier. Effectivement, dans l’une des chambres, il était prévu de faire une porte à la place d’une fenêtre. Tout semblait simple, il suffisait de casser la partie du mur sous la fenêtre afin d’avoir une ouverture complète, jusqu’au sol...

En arrivant à 9h30 sur le chantier, je découvre avec stupéfaction que les ouvriers ont cassé tout le mur. Cela serait sans grande importance si les murs et le plafond de cette chambre n’étaient pas couverts de magnifique plâtre sculpté.

Cette chambre était la seule pièce du riad avec une décoration aussi spectaculaire. Il était évident qu’il fallait conserver ces éléments, je l’avais dit et redit plusieurs fois !!! Bref, une grosse colère et une explication avec les responsables du chantier.

La porte cintrée est totalement détruite mais on m’a assuré que le spécialiste des plâtres pourra refaire à l’identique les parties détruites. Affaire à suivre...

Après un séjour à Paris riche en émotions (?!?) je suis de retour à Marrakech pour suivre le chantier.

Les travaux avancent bien... voici ce qui a été fait :

1) Le mur des escaliers et du local technique est monté :

--------------------------------------------

2) Les murs du salon et de la salle à manger (rez de chaussée) ainsi que ceux des chambres et des salles de bains (1er étage) sont en phase de "dressage". c'est à dire que les ouvriers réalisent un alignement à la ficelle puis comblent verticalement dans l’alignement.

--------------------------------------------

3) Dans la partie "entrée", le renforcement de la dalle, les poteaux et les longerines sont terminés.

--------------------------------------------

4) Dans la partie "douiria", destruction de la structure pour création du futur patio. Et mise en place des poteaux et préparation de la future dalle.

Plusieurs lecteurs de ce blog m'ont posé des questions à propos de l'organisation du chantier. Il faut d'abord signaler qu’une ruine dans la médina ne peut pas se (re)construire de la même façon qu’une villa à la campagne ou qu'un immeuble moderne en milieu urbain.

Les contraintes :
- L’accès : il faut passer par des derbs étroits où seuls les mulets et les charrettes peuvent circuler pour le transport des matériaux
- Le stockage : impossible de stocker facilement les matériaux (fer à béton, parpaings, ciment…), il faut donc les apporter au fur et à mesure
- Les approximations : les murs en pisé n'étant ni rectilignes, ni verticaux et étant d’épaisseur très variable d’un endroit à l’autre, il est difficile d’avoir des relevés de mesures très précis.
- Les surprises : ce n’est qu’après avoir démoli un mur ou creusé un trou de fondation que l’on se rend compte de la qualité et de la solidité des éléments…
- La mitoyenneté : tous les riads de la médina sont collés l’un à l’autre. Les murs sont très épais et en principe doubles, c'est-à-dire que dans un mur de 80 cm, 40 cm sont au voisin et 40 cm sont à moi. Il convient donc de faire attention à ce que l’on détruit et aux emplacements des poteaux de soutien en béton armé.

Les surprises :
- Un mur en pisé totalement fragilisé par l’humidité
- Un ancien puits dans les fondations
- Le mur du voisin construit en partie sur votre propriété
- La présence d’anciennes ouvertures, condamnées il y a des années

… bref, en fonction de toutes ces contraintes et des ces éventuelles surprises, il faut organiser le chantier et être prêt à réagir immédiatement. Pour cette raison, il est nécessaire d’être sur place TOUS LES JOURS. Je déconseille aux personnes vivant en France et n’étant à Marrakech qu’une fois par mois ou par trimestre de se lancer dans ce genre de travaux !

Pour ma part, nous avons organisé le chantier en 4 parties. Le gros œuvre de la première partie est quasiment terminé. Nous avons commencé le renforcement des murs de la 2eme partie et la démolition de la 3eme partie (douiria). La 4eme partie étant située à l’entrée, elle sera construite en dernier afin de laisser le maximum de place pour le passage.

Nous avons été obligés de sortir des tonnes de gravats (et ce n'est pas fini !), dans les derbs étroits de la Médina, rien ne serait possible sans un mulet et un carossa !



Il est donc important de saluer le travail de ces braves bêtes. (Le comportement parfois un peu brutal des charretiers m'ayant déplu, je leur ai fait remarquer que sans ces animaux ils ne seraint pas très efficaces et qu'il ne sert donc à rien de les frapper...).

Afin de gagner un peu de place dans le riad, j’ai demandé la construction d’un local technique en sous-sol.

Ce local permettra de mettre en place une réserve d’eau (2 m³, bien utile pour compenser les éventuelles coupures temporaires (qui ne sont jamais annoncées à l’avance par la Radema), un adoucisseur, un sur-presseur et un espace rangement / stockage.

Au départ, j’avais prévu un local de 2 m x 3 m avec une hauteur sous plafond d’environ 1.90 m. Mais, à cet emplacement, nous avons trouvé la roche dure à une profondeur de 1.30 m. Afin d’éviter de passer un temps considérable à creuser cette roche extrêmement dure, j’ai décidé de ne creuser qu’au niveau du passage, histoire de ne pas se cogner la tête.